Développement social
Monsieur le Président, Cher-e-s collègues,
Je souhaite prendre la parole aux fins de souligner quelques-unes des questions posées par ce champ d’intervention « naturel » des départements.
La mission sociale des Départements, de par la loi, est tout à fait fondamentale.
Elle mobilise d’ailleurs une part importante, sinon majoritaire, de dépenses de fonctionnement de la collectivité et doit être appréciée, en cette phase de définition des orientations, à raison des évolutions les plus prévisibles des besoins et de la « demande » d’action sociale.
Le vieillissement relatif de la population de notre Département, fondé en particulier sur une certaine forme de « balnéarisation » de la géographie locale, et l’arrivée de populations retraitées, parfois d’ailleurs d’origine bretonne, au terme de leur carrière professionnelle souvent accomplie ailleurs, porte en lui-même l’émergence d’une demande spécifique de services sur lesquels il faudra bien agir comme il convient.
D’autant que certains discours politiques laissant envisager, contre toute raison et notamment les gains de productivité des actifs employés dans les entreprises de notre pays, un nouveau recul de l’âge légal de départ en retraite, risquent fort de reporter sur l’assurance chômage et, in fine, sur les budgets départementaux une bonne partie des problèmes financiers que risquent de connaître les intéressé-e-s.
Car l’insertion et la prévention des accidents de l’existence ne peuvent oublier que nous sommes, par exemple, face à une réforme de l’assurance chômage dont les effets sont assez prévisibles sur l’extinction rapide des droits des allocataires, avec report immédiat vers l’aide départementale, c’est-à-dire le RSA.
Surtout dans un département comme le nôtre où sévit particulièrement l’emploi précaire et saisonnier.
Au point que le bassin d’emploi d’Auray, très marqué par la présence des activités touristiques, se situe aujourd’hui en deuxième position régionale pour le taux de chômage de la population active.
Pour autant, comme nous l’avons déjà indiqué, la question de l’accès aux droits est un sujet en soi, quand on connaît le nombre élevé de ménages et de personnes qui ne font pas valoir leurs droits à l’allocation chômage, au RSA mais aussi à d’autres prestations de Sécurité Sociale plus « habituelles ».
L’accès au Fonds Départemental d'Aide aux Jeunes (FDAJ) doit être facilité et renforcé, les moyens octroyés aux missions locales développés et démultipliés.
Nous pensons que le Département doit agir dans deux directions.
La première, c’est de faire en sorte que soient clairement identifiées les familles ayant besoin de l’action sociale départementale, ce qui passe par le renforcement de la coopération interinstitutionnelle entre les services dépendants du Conseil Départemental et les autres services sociaux.
Les sept missions locales existant dans une commune du département sont à cet égard un point d’appui pour cette coopération, mais il me semble que nous devons « resserrer les mailles du filet de sécurité contre l’exclusion sociale » en descendant, pour le moins, au niveau de chaque canton, voire de chaque centre urbain de quelconque importance.
Mais nous devons favoriser le dialogue avec les services de la CAF, ceux de l’Assurance maladie et/ou de l’assurance vieillesse, sans oublier les CCAS ou les services sociaux attachés à certains opérateurs publics (éducation, logement, etc.) pour faire en sorte que personne ne soit laissé de côté.
Dans ce contexte, nous devons progresser pour faire connaître cette aide avec une communication complète construite avec des messages clairs et récurrents.
La seconde orientation, notamment avec les CCAS intercommunaux ou communaux, c’est la nécessaire lutte contre l’illectronisme et la fracture numérique.
Une part croissante des démarches administratives, comme chacun l’aura remarqué, sollicite en effet les instruments de communication numérique dans la relation entre administration et administré.
Cette situation offre apparemment l’avantage de la souplesse mais elle s’accompagne manifestement d’un « mouvement de repli » des potentiels demandeurs peu familiarisés avec le maniement des outils numériques.
Elle s’avère de fait chronophage pour ceux des agents publics recevant ces « victimes » de la fracture numérique, contraints de se substituer aux particuliers concernés.
Le Département doit à notre sens œuvrer pour que soient le plus possible formés à l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication ceux et celles de nos concitoyens ainsi en difficulté.
Le tout sous les formes les plus pertinentes, qui nous semblent devoir passer par l’organisation de sessions de formation décentralisées au plus près des territoires.
Enfin, au chapitre de l’aide aux familles et de l’insertion, eu égard aux questions de formation des jeunes, il nous semble utile que soit envisagée l’attribution d’une forme de « bourse premier équipement » pour les élèves poursuivant, dans le cadre de l’enseignement technique et professionnel (au niveau LEP, Bac Professionnel ou diplômes universitaires à vocation technologique), des études à visée éminemment qualifiante.
Si certains veulent lutter contre les « pénuries de main d’œuvre » dont on nous rebat les oreilles depuis quelque temps, il faut faire en sorte que nous ayons des ouvriers qualifiés, des techniciens, des cadres formés et compétents.
Voilà ce que nous comptions verser au débat en ce jour.
Je vous remercie.
Catherine QUÉRIC
Conseillère départementale de Lorient 1 (Lorient Nord)