Monsieur le Président, Cher-e-s collègues,
Je commencerai mon propos en parlant du climat social dans notre pays, nous avons connu des mobilisations historiques nationalement, et ici dans le Morbihan que ce soit dans les villes de Vannes, Lorient, Auray, mais encore plus remarquable, également à Ploërmel, à Pontivy ou dans d'autres villes du centre Bretagne.
Des milliers de personnes ont défilé pour dire qu'évidemment ajouter 2 années de travail quand on est ouvrier dans l'agroalimentaire, pêcheur, agriculteur, artisan, ouvrier du BTP, dans les métiers du soin et de l'accompagnement, ce n'est pas possible car physiquement c'est trop dur, voire tout simplement impossible. Je cite à dessein ces métiers car ce sont celles et ceux qui subiront le plus cette réforme injuste car ayant commencé à travailler le plus tôt, la mesure d’âge est la plus injuste comme l’indiquait Emmanuel Macron lui-même lors de son premier mandat.
Cette mesure creusera les inégalités que nous devrons assumer, nous Département, dans les compétences qui sont les nôtres.
Se pose aussi la question de la légitimité démocratique à mener cette réforme, Emmanuel Macron lui-même au soir de son élection indiquait : « ce vote m'oblige, je sais que nombre de compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celle de l'extrême droite. Je ne suis plus le candidat d'un camp mais le président de tous ».
Il était donc du devoir de ce gouvernement de démontrer l'intérêt et l'utilité de cette réforme et faire adhérer l’opinion publique à celle-ci. C'est un échec puisque 9 actifs sur 10 sont opposés à cette réforme.
Le gouvernement a donc perdu dans la rue et dans l'opinion, et il a essayé et réussi par différentes manœuvres à l'assemblée et au Sénat à museler ses oppositions alors qu’il aurait dû au contraire par le débat réussir à convaincre l’opinion.
Il faut reconnaître que dans cette faillite collective, les seuls et uniques responsables sont Emmanuel Macron et son gouvernement.
Hier, le gouvernement conscient d’être en minorité a décidé d’user encore du 49.3 Décidément, rien ne nous aura été épargné dans ce déni de démocratie.
Franchement, qui sort gagnant ? Les digues de notre République, la constitution auront été mises à mal pendant toute cette séquence. On ne peut que frémir, en pensant à ce que des partis plus autoritaires pourraient faire de ces précédents.
Résumons-nous :
• Il n’y a pas de légitimité démocratique initiale.
• La réforme se fait contre l'opinion publique qui est massivement opposée au projet.
• Tous les syndicats contre.
• Des millions de personnes dans la rue.
• 75% de la société opposée.
• 93% des actifs opposés.
• A l’assemblée comme au Sénat, il y a eu un jeu pour réduire au minimum les temps de débats, faire tomber les amendements…
-> Pour finir par un 49.3, de peur du vote de l’assemblée.
Quel est alors le sens du mot démocratie dans ces conditions ? La réforme sera peut-être mise en œuvre mais il y a là un point de rupture entre nos concitoyens et la classe politique dirigeante. Je pense que toutes et tous, nous sentons dans nos cantons partout une colère profonde qui laissera des traces.
Il est de notre responsabilité en tant qu’élus du département, collectivité chargée de la solidarité, d’exprimer un avis clair sur ce projet qui fragilisera les plus vulnérables.
Dans nos rangs c’est clair, cette réforme nous la trouvons injuste, pénalisant les plus fragiles on n’en veut pas, nous étions dans les rues lors des différentes mobilisations, nous continuerons à être présents auprès de celles et ceux qui se mobilisent.
Venons-en à cette session : nous examinerons le compte administratif 2022, notre collègue Mathieu GLAZ développera notre vision. Ce qui est clair, c’est que notre département a les moyens de réaliser les investissements nécessaires à la transition écologique et sociale. Les moyens aussi de mieux accompagner les personnes en insertion, agir pour la prévention et la sécurité, renforcer les secteurs où il manque des postes dans certains CMS. Nous ne pouvons nous satisfaire de ces moyens pour agir quand sur nos territoires, ruraux, urbains, partout les acteurs sociaux nous disent l’explosion des demandes et les manques de moyens pour agir.
Nous le disions en décembre mais permettez-nous de revenir sur la question de la politique logement de notre département, qui à l’heure des premiers pas de l’imposant Morbihan habitat, n’est pas sans poser question.
En premier lieu, cette politique logement interroge car habiter dans le Morbihan relève du parcours du combattant pour tout le monde, et encore davantage pour les plus défavorisés, nos jeunes, les jeunes familles.
Tout ceci est préoccupant pour les Morbihannaises et les Morbihannais mais également particulièrement pour les publics pour lesquels le Département se doit d’être garant au regard de ses compétences et obligations réglementaires.
Mais notre demande aujourd’hui (déjà exprimée dans cet assemblée) se résumera à une demande générale : mettre en place un plan départemental de l’habitat.
Dernier point en matière de logement, lors de notre dernière session, à notre demande vous indiquiez être prêt à redéfinir les règles du FSL. Maintenant, nous souhaitons que cela devienne concret. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est ? Nous sommes disponibles pour rapidement y travailler.
J’en viens maintenant au Plan Départemental d’Insertion, notre collègue Catherine Quéric interviendra sur le sujet. Je m’attarderais personnellement uniquement sur le non-recours au droit, 30% d’après les statistiques nationales.
Certains y voient une source d’économie pour la collectivité, nous concernant, nous y voyons un investissement social.
En effet, en matière d’insertion, plus les personnes sont accompagnées tôt, plus vite et plus facilement, elles peuvent reprendre pied et s’insérer de nouveau dans le marché de l’emploi.
Le pragmatisme en la matière, c’est de construire des politiques engagées, volontaristes pour permettre aux personnes, au plus vite d’accéder à leurs droits.
Vous envoyez un signal inverse ! Depuis, ça baisse, alors que pourrions redéployer cela pour renforcer l’accompagnement.
Un mot sur le passage à 90km/h de certaines routes départementales tel que vous le souhaitez. Nous échangeons avec les élus des territoires, pour beaucoup d’entre eux c’était un non sujet. Cela n’apparaît pas, à leurs yeux et ceux de leurs concitoyens, comme une priorité.
Je finirai par un autre mouvement social, celui des étudiants des écoles supérieures d’arts. Les étudiants occupent les écoles de Brest, Quimper, Rennes et Lorient pour dénoncer le désengagement de l’Etat et la mort programmée de ces enseignements supérieurs si rien n’est fait.
Les demandes à l’Etat sont principalement :
- La compensation de l’exonération des frais d’inscription pour les élèves boursiers des écoles.
- La compensation de la revalorisation du point d’indice des agents territoriaux actuellement non applicables aux Établissements publics de coopération culturelle.
- La recherche d’un équilibre du financement structurel de l’Etat entre écoles nationales et territoriales dont l’écart de dotations se creuse.
Je pense que nous pouvons toutes et tous être d’accord avec ces demandes. Pour autant le département du Morbihan propriétaire de Kerguehenec lieu d’exposition d’arts contemporain qui a vu fin d’année dernière l’expositions de jeunes artistes de l’EESAB, ayant fait de l’éducation culturel un axe de ses politiques publiques peut faire plus en matière d’aide à l’EESAB. Le département ne finance à ce jour que 23 000 € sur le fonctionnement et à peine 11 000 € en investissement.
Monsieur le Président pouvez-vous vous engagez à faire plus ?
Damien GIRARD - Président du groupe de Gauche et Écologiste