Insertion sociale et profesionnelle
Monsieur le Président, Cher-e-s collègues,
En préambule, nous avons déjà eu l’occasion de le dire, mais j’insisterai sur la nécessité d’améliorer notre fonctionnement en commission, afin que nous puissions parfaitement travailler, en particulier dans la commission à laquelle j’appartiens.
Or, lors des deux dernières commissions, j’ai demandé à avoir copie des documents présentés (chiffres, rapports et tableaux) et rien ne m’a été communiqué à ce jour !
L’expertise des services est indispensable dans notre compréhension des enjeux et elle existe particulièrement dans ce département, je l’ai constaté.
La démocratie, c’est aussi en commission qu’elle s’exprime : réfléchir, questionner, critiquer, s’opposer, c’est aussi cela le débat démocratique.
Les données relatives à l’emploi ont toujours eu, dans notre Département, un caractère relativement trompeur quant à la réalité du sous-emploi.
Le 3e trimestre 2021, selon les données disponibles, le taux de chômage dans le département s’est consolidé autour de 6,7 %, participant au niveau honorable de la région Bretagne de ce point de vue.
Mais le nombre des privés d’emploi demeure élevé et l’offre de travail est bien loin de répondre à la demande.
Un examen des données de Pôle Emploi, en la matière, réalisé hier en fin d’après-midi, est suffisamment clair.
Sur les cinq professions les plus recherchées (technicien de maintenance, aide à domicile, cuisinier, préparateur de commandes et comptable), nous avons au total 1 509 offres d’emploi en CDI, mais aussi 296 en contrats à durée déterminée et rien moins que 311 missions d’intérim.
Soit 30 % d’offres en travail précaire…
A noter que le segment « aide à domicile » qui propose un peu plus de 500 postes dont 400 CDI souffre aussi de couvrir plus de 260 offres à temps partiel…Imaginons le temps partiel d’une aide à domicile payée au SMIC et on comprend aussi la difficulté de recrutement … !
Dans d’autres professions offrant moins de postes, on compte par exemple 110 manutentionnaires sur 135 en mission intérimaire, de même que 77 « opérateurs de production » sur 126, signes d’une économie locale où les besoins ponctuels de main d’œuvre génèrent un halo permanent de privés d’emploi, à tour de rôle chômeurs ou en activité.
Il nous paraît donc évident que les politiques départementales en matière d’emploi et de formation doivent viser l’emploi durable, celui-ci passant notamment par un soutien affirmé aux initiatives originales en matière de formation et, par exemple, de pré-recrutement de jeunes dans les entreprises.
Si l’on accorde quelque vertu à l’apprentissage et notamment au sein des administrations publiques, désormais investies de cette mission, il nous semble nécessaire que la politique du Département en la matière passe par une association entre recrutement d’apprenti-e-s et gestion prévisionnelle de l’emploi au sein de la collectivité.
C’est-à-dire que nous devons faire en sorte de « flécher le parcours » vers l’emploi public de jeunes motivés pour accomplir une carrière dans les services de la collectivité, depuis le personnel des collèges jusqu’aux postes administratifs et comptables et les fonctions institutionnelles.
Il nous semble également nécessaire que nous accordions une attention particulière, et des aides appropriées, aux entreprises qui s’engagent dans une démarche de progrès visant au développement de leur activité par élévation des qualifications de leur personnel et pré recrutement de personnel.
Enfin, dans un autre ordre d’idées, nous aimerions savoir ce qu’il en est de la collaboration entre le Département et le CNAM en matière de formation.
Rappelons en effet ici quelques données clé, que notre Département résout en grande partie par l’exode d’une partie de ses jeunes.
A savoir que selon l’INSEE, si l’âge moyen de sortie du système scolaire est inférieur à 21 ans dans notre Département, 46 % des adultes sont pourvus d’un diplôme équivalent au baccalauréat et au-delà.
Et cela pour l’année 2018.
En dix ans, cette proportion a progressé de près de 10 % depuis 2008.
Nous devons donc accompagner ce mouvement d’élévation de la formation initiale et continue des Morbihannaises et des Morbihannais qui permettra peut-être à notre Département de sortir de la trop grande dépendance de son économie au tourisme et à l’agriculture.
Vous le savez, près d'un quart des 18-25 vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il existe des dispositifs mais ils sont insuffisants. Nous souhaitons à nouveau vous faire part de notre proposition concernant l’expérimentation du RSA jeune ou d’un revenu de base pour les moins de 25 ans.
Cette expérimentation serait une sécurité pour leur éviter de tomber dans la grande précarité et faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Concrètement, nous avons des acteurs qui ont les compétences - je pense aux agents de notre collectivité et aux travailleurs sociaux.
Qu’attendons-nous pour expérimenter, innover ?
Nous nous abstiendrons sur ce rapport.
Catherine QUÉRIC
Canton de Lorient 1 (Lorient Nord)