Monsieur le Président, chers collègues,
À propos de la réforme France Travail. Si elle ambitionne de simplifier et d’harmoniser les dispositifs d’accompagnement vers l’emploi, son déploiement reste marqué par une absence de décret d’application pour certaines mesures clés. Cette situation engendre une incertitude qui risque de peser lourdement sur les bénéficiaires comme sur les structures en charge de la mise en œuvre.
Cette loi va faire de grands dégâts chez les plus fragiles, renvoyés à leur responsabilité individuelle pour améliorer leur quotidien. Les ayants-droits et leurs conjoints devront obligatoirement s'inscrire au premier janvier 2025 et réaliser 15 heures d'activités par semaine.
Les expérimentations de ce dispositif affichent des résultats peu concluants.
Au bout de 6 mois, 16% des BRSA décrochent un emploi durable, au moins un CDD de 6 mois éventuellement un temps partiel. Les 84% restants devront attendre. Et aucun suivi sur le long terme des accompagnés n’est prévu. Trop humain, trop coûteux pour Macron et son équipe hors sol.
La privation du service public est nettement accélérée par cette réforme.
Partout dans le pays, c’est la mobilisation contre la réforme. Grève des missions locales le 14 novembre 2024 et notamment en Bretagne, où les emplois sont menacés.
Avec la loi travail, on est dans l’incapacité à faire une projection sur le premier trimestre. Personne ne sait répondre, ni France Travail, ni les missions locales en grève. Il y a un brouillard absolu, dans lequel tout le monde est en train de s’enfoncer.
Pour les Missions Locales c'est une bien triste évolution car elle met à bas tous les principes qui les ont fondées : l'accueil inconditionnel et l'accompagnement des jeunes non-scolarisés de 16 à 25 ans révolus, la base du volontariat et du libre choix du jeune quant à son accompagnement, le droit à un accompagnement qui prend en compte la globalité de sa situation, sans jugement.
Un autre monde du travail est possible !
Il est plus que temps que l'organisation du travail à l'échelle du pays permette à chacun.e d'entre nous d'avoir une vraie place dans la société.
Le partage des richesses, du travail, la mise en place des 32h, la reconnaissance de la pénibilité, l'égalité femme-homme, sont les solutions.
Vous connaissez notre engagement et notre combat sur ces thématiques. Nous avons été à l’initiative d’une réunion départementale sur ce sujet, rassemblant des acteurs politiques locaux et nationaux, ainsi que des représentants syndicaux et citoyens concernés par la réforme France Travail. Nous apportons une véritable valeur ajoutée sur ces questions. C’est pourquoi nous demandons que notre groupe soit représenté au sein du futur comité départemental pour l’emploi.
Demain, avec le licenciement des 300 Michelin de Vannes, et les 350 de la Fonderie de Bretagne, comment ne pas être inquiet de l’avenir de milliers de Morbihannais et de leurs familles, ainsi que des emplois induits par ces destructions d’emplois industriels.
Notre responsabilité collective est grande, en tant que collectivité cheffe de file des solidarités, face aux défis sociaux devant nous.
Dans les territoires comme à Lorient ou en centre Bretagne, les acteurs de terrain alertent sur une précarité et pauvreté grandissantes. Des familles et des individus déjà fragilisés peinent à faire face à la hausse des coûts de la vie et à la diminution de leur pouvoir d’achat. Dans ce contexte, nous devons amplifier nos efforts, accompagner les acteurs locaux et renforcer les politiques de solidarité pour répondre à ces besoins criants.
Le Plan départemental de l’insertion (PDI) se déploie progressivement, il sera impératif d’avoir des outils permettant d’établir un véritable suivi. Notamment en matière de mobilité. Pourquoi ne pas envisager la gratuité des transports pour les BRSA ? Pourquoi ne pas envisager la gratuité du code dans les 15h d’activités ? Pourquoi ne pas déployer, aux côtés de la Région, un vrai service public de formation pour permettre la reconversion de BRSA ? Voilà Monsieur le président des propositions concrètes et sérieuses, que nous n’avons pas entendues dans cet hémicycle.
Catherine Quéric