Orientations budgétaires 2024 - Volet social
Monsieur le Président, chers collègues,
Notre collègue Mathieu GLAZ a démontré, sur la base des orientations que nous proposons sur le plan budgétaire pour 2024, que notre collectivité conserve des possibilités d’agir.
Je limiterais mon propos à quelques propositions que nous pensons accessibles budgétairement et de nature à répondre aux besoins de bons nombres de morbihannaises et morbihannais. Dans la période dans laquelle nous entrons, le département doit recentrer et concentrer ses politiques publiques sur le cœur de ses compétences : le social, les solidarités, le vieillissement de notre population, le handicap.
Sur la question de l’autonomie :
Concernant les places pour les personnes vieillissantes en perte d’autonomie. Le déficit historique des 1600 places en EHPAD nécessaires ne se comble pas. Vous nous indiquez que 100 places seraient créées en 2024, même si on est loin du nécessaire ce serait bienvenu. Quels sont les territoires identifiés ?
Mais au-delà des places d’EHPAD, avez-vous une stratégie commune avec les EPCI et les communes pour ouvrir des places en résidence autonomie public quand après la fermeture funeste de Kerguestenen à Lorient on apprend qu’une partie des pensionnaires qui avait trouvé refuge à Larmor vont encore devoir déménager.
Nous avons besoin de places de ce type en nombre, gérés par des structures publiques car accessibles à des tarifs qui sont compatibles avec les retraites de nos anciens qui dans le Morbihan sont souvent modestes.
Autre sujet : la solidarité, plus particulièrement celui concernant les places pour les jeunes adultes handicapés (dit amendement Creton), maintenus en structure pour enfants en attendant des places en structure pour adultes. La situation est insatisfaisante pour beaucoup de familles. Dans un rapport précédent de notre collectivité, la responsabilité était renvoyée à l‘ARS. Nous vous rappelons que le conseil départemental peut agir sur sa compétence, notamment avec les foyers de vie. C’est pourquoi, par la voix de Myrianne COCHÉ, nous vous avions demandé des données précises sur les profils des amendements CRETON en Morbihan, ce qui permettrait d’éclairer nos orientations.
Sur le volet des solidarités et du social :
Nous constatons comme vous j’imagine des situations de personnes de plus en plus en difficultés, la pauvreté s’installe sur une partie grandissante de nos concitoyens.
Les travailleurs sociaux croulent sous les dossiers générant parfois des accompagnements insuffisants notamment pour permettre des accès au logement ou autres aides très concrètes.
Ces difficultés, nous les retrouvons à beaucoup d’endroits. Ce sont également des délais qui ne sont pas bons concernant les dossiers à la MDA. Ce sont l’explosion des informations préoccupante à l’ASE ; mais également les difficultés de coordination avec les forces de l’ordre, l’État et le département concernant l’accueil des MNA (mineurs non accompagnés).
Nous le disons de nouveau, le manque d’agents à la MDA, de travailleurs sociaux dans les CMS ou à la protection de l’enfance a des conséquences. Nous avons les moyens de renforcer cet accompagnement, la situation sociale nous l’impose.
Autre public particulièrement fragile et touché par la misère sociale, les jeunes adultes :
Quelle réponse morbihannaise en la matière, c’est relativement simple : aucune !
Prenons le cas des jeunes adultes sortis de l’ASE, en Morbihan l’accompagnement est plus que réduit, très peu de contrat jeune majeur et de très courte durée, nous avons entendu ici que c’était parce qu’ils étaient bien accompagnés avant !
Qui peut croire à cette fable, qui peut penser qu’aucun ne rêve à faire des études post bac ? Chacun doit avoir la possibilité de choisir entre des études courtes ou des études longues en enseignement supérieur.
En la matière, la proposition du gouvernement de 1500 € alloué pour les jeunes adultes sortis de l’ASE est une mauvaise farce. Ces jeunes adultes ont besoin d’un réel accompagnement par d’une somme allouée une fois pour tout.
Comment peut-on parler d’égalité des chances à un jeune sorti de l’ASE quant au mieux il est accompagné quelques mois. Notons l’exemple de la Meurthe et Moselle qui se donne la possibilité d’accompagner les Jeunes adultes par un contrat jeune majeur qui peut aller jusqu'à 25 ans.
Notre proposition d’allocation jeune adulte plusieurs fois exposé ici est dans cette veine, tenter d’aller vers une meilleure égalité des chances. Car le système français pour les jeunes est quand même basé sur les solidarités familiales dans la prise en charge des frais d’études et l’accompagnement dans l’autonomie.
Nous vous proposons, à nouveau, la mise en place d’une expérimentation pour une allocation jeunesse. Des premiers retours ont été réalisés sur cette expérimentation en Loire-Atlantique et les résultats sont encourageants par rapport aux objectifs d’insertion sociale et professionnelle. Par ailleurs, la soutenabilité budgétaire est prouvée.
Notre collectivité ne peut pas rester insensible à notre proposition seulement pour une raison idéologique (au nom d’un soit disant « assistanat »). Soyons pragmatiques quand les données nous démontrent que c’est la jeunesse qui est la plus touchée par la précarité et la pauvreté. Nous vous proposons de sortir de cette posture idéologique et qu’une mission d'information et d'évaluation soit réalisée avec quelques élu.es en allant rencontrer nos collègues de Loire Atlantique qui mènent cette expérimentation.
Damien GIRARD - Président du groupe de Gauche et Écologiste