Politique en faveur des personnes âgées
Monsieur le Président, chers collègues
Nous devons faire face au défi démographique du Morbihan. Si notre département affiche le solde migratoire le plus important des 4 départements bretons, ce dont nous pourrions nous satisfaire, nous ne pouvons que constater que cette attractivité bénéficie surtout aux personnes âgées ! D’après l’INSEE, le nombre de Bretons de plus de 75 ans augmentera de plus de 75% d’ici 2040 et rien que dans le Morbihan, le nombre de personnes dépendantes devrait croître de 40% comme indiqué dans ce bordereau.
Il ne s’agit pas, pour nous, de stigmatiser la population des personnes âgées (nous serons presque tous, dans cette assemblée, d’ici 2040 dans cette tranche d’âge) mais une population qui vieillit génère des besoins supplémentaires en termes de prises en charge entre autres de la dépendance, de l’habitat, de la santé, etc., qu’il convient d’anticiper.
Ce ne sera pas sans impact sur les missions du Département, chef de file de l’action sociale et des solidarités. Le budget qui nous est présenté aujourd’hui amorce déjà cette réalité. L’APA (Aide personnalisée d’Autonomie) qui représente 78% des dépenses consacrées au secteur des personnes âgées, devrait doubler d’ici 2040. Le virage domiciliaire, qui devrait s’accompagner de mesures favorisant le maintien le plus longtemps possible à domicile, ce que souhaitent beaucoup de personnes âgées, ne se concrétise pas encore et nous en connaissons les freins : perte d’attractivité des métiers du soin et de l’aide à domicile, fragilisation des aidants, adaptation des logements, isolement, revenus faibles …
Alors certaines actions financées dans ce budget vont dans le bon sens et nous les avons votées lors de sessions précédentes : accompagnement à la réforme des Services à domicile, aide aux aidants via l’APA 3 notamment, appels à projets pour habitat inclusif, aide à la vie partagée, soutien à la revalorisation des services d’aide à domicile associatifs et publics, ….
Cependant, le volet prévention du vieillissement ne nous semble pas suffisamment développé. On pourrait innover et, à titre d’exemple, une analyse des besoins sociaux (ABS) pourrait mettre en lumière les enjeux à venir sur le territoire et les actions à imaginer pour prévenir le vieillissement, actions qui auront des effets positifs sur les budgets futurs.
Le maintien à domicile ne sera pas la réponse pour toutes les personnes en perte d’autonomie. Nous avons aujourd’hui sur notre territoire un déficit de 1600 places en EHPAD. Qu’en sera-t-il dans les 10/15 ans à venir ? Nous ne trouvons pas dans ce budget l’ambition que vous aviez affichée, Monsieur le Président ! Certes, quelques places vont être créées par redéploiement de places entre autres de petites unités de vie que l’ARS accepte de médicaliser. Ce sont des petits pas et en aucun cas une offre de places supplémentaires mais différentes. L’ARS ne bouge pas, la loi de programmation pour le grand âge tarde à voir le jour depuis de nombreuses années. Alors que proposez-vous comme alternative ? Nous vous proposons d’être plus volontariste, d’organiser des assises du grand âge à l’échelle départementale rassemblant tous les financeurs, les élus des territoires, les associations familiales et de retraités, les syndicats, les caisses de retraite, d’apporter des réponses collectives face à cette urgence de la très grande dépendance qui touchera bon nombre de morbihannais et morbihannaises. Nous croyons à la capacité d’innovation de porteurs de projets.
Aussi, pour affirmer davantage notre volontarisme, vous pourriez valoriser financièrement l’enveloppe budgétaire que le Département mettrait pour la création de places en EHPAD, montrant notre détermination auprès de l’État et l’ARS.
Myrianne Coché