Monsieur le président, chers collègues,
Avec un montant de 147 M€, la masse salariale globale de la collectivité devrait augmenter de 5 % l’an prochain. Une hausse portée par les traitements des agents départementaux (117,5 M€ contre 110,7 M€ au BP2024), là où les charges de personnel des assistants familiaux resteraient stables (29,6 M€ contre 30,4 M€ au BP2024).
Cette évolution s’explique par une sous-évaluation des besoins dans le précédent budget, corrigée en cours d’exercice, et par le fait que l’année 2025 verra le mécanisme revisité du RIFSEEP[1] s’appliquer pour la première fois en année pleine. Il faut espérer qu’il contribuera à l’attractivité des métiers de la collectivité, en particulier ceux qui sont en tension.
On sait que c’est un enjeu important pour tous les employeurs publics, comme le rappelle un récent rapport de France Stratégie (intitulé « Travailler dans la fonction publique : le défi de l’attractivité »). Sans livrer aucune recette miracle, les auteurs évoquent des leviers que vous connaissez : la communication pour attirer de nouveaux profils, les revalorisations salariales, un accompagnement renforcé des carrières et bien sûr un employeur qui prend davantage en compte le désir de ses agents de mieux concilier vie personnelle et professionnelle.
Depuis 2021, vous avez activé certains de ces leviers. Alors qu’on entre dans la seconde partie du mandat, il serait nécessaire qu’un bilan des actions menées par le Département – citons par exemple la campagne de recrutements lancée il y a deux ans pour les assistants familiaux – qu’un bilan donc, des actions menées en matière d’attractivité soit dressé devant notre assemblée ou la commission ad hoc le moment venu.
Si on se penche sur l’état des effectifs, vous annoncez pour 2025 une situation identique à 2024, soit 2 174 postes budgétaires (2 159 ETP). Un tableau en trompe l’œil quand on constate que les effectifs pourvus sur emplois budgétaires diminuent pour la deuxième année, après un desserrement de l’étau en 2023. Certes, il s’agit d’instantanés mais ils tracent une tendance qui n’est pas satisfaisante au regard des besoins dans l’accompagnement digne des personnes en insertion ou l’entretien des routes, pour citer deux exemples.
Sous couvert de modernisation, des évolutions très contrastées s’opèrent. Si le statu quo est de rigueur pour les effectifs des filières médico-sociale et culturelles, la filière sociale gagne quelques agents, principalement des assistants socio-éducatifs, signe des besoins croissants de la politique de l’enfance ; c’était une réponse indispensable face à l’épuisement des éducateurs en charge des suivis ; le Département agit, c’est une bonne chose. Mais ce changement doit-il se faire au détriment de la filière technique (qui perd à nouveau des adjoints techniques et des agents de maîtrise, avec en parallèle des créations d’emplois d’ingénieurs et de techniciens). Même constat, dans une moindre mesure, dans la filière administrative (avec une diminution du nombre d’adjoints administratifs).
On pourrait ajouter au tableau d’autres inquiétudes : la poursuite de l’externalisation de certaines activités et le recours accru à des agents non-titulaires, qui n’est pas seulement le fruit de difficultés de recrutement et qui génère en tous cas une précarité croissante au sein des personnels.
On voit là la traduction concrète de votre « pilotage par les dépenses ». Il aboutit à une réponse qui n’est pas à la hauteur du niveau de service public attendu par les Morbihannais.
Autant d’éléments qui nous alarment et nous conduisent à nous abstenir sur ce rapport.
Je vous remercie.
Mathieu Glaz
[1] Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel.