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Protection de l'enfance

Monsieur le Président, 

Chers collègues,

 

Je voudrais réagir aux 1 960 000 euros de crédits de fonctionnement supplémentaires pour l’Aide Sociale à l’Enfance. Il y a quelques jours, l’Observatoire de la Décentralisation et de l’Action Sociale publiait la synthèse de l’enquête annuelle sur les "Dépenses sociales et médico-sociales des départements en 2023". Les résultats sont sans appel : l’augmentation des dépenses liées à la protection de l’enfance sont en augmentation de 10,2%, soit deux fois plus que celle de l’ensemble des dépenses d’action sociale. Ces chiffres qui pourraient laisser croire que le sujet est pris à bras le corps par les départements s’expliquent de manière beaucoup plus dramatique : il y a 12 500 jeunes de plus suivis par l’ASE, 3200 jeunes de plus placés. 

Des chiffres qui témoignent de l’explosion de la souffrance et de l’isolement des familles, qui se traduit malheureusement trop souvent par la violence. Derrière les chiffres, des enfants, des jeunes, qui attendent parfois entre 14 mois et 2 ans après une ordonnance de placement. Y compris dans ces cas de violences physiques ou d’inceste. Ce constat glaçant, la juge des enfants Muriel Eglin l’a dressé devant une salle vide à l’Assemblée Nationale début juin. Celle de la commission chargée d’étudier les dysfonctionnements de l’ASE. Une commission à laquelle les élus de droite et d’extrême-droite brillent par leur absence. 

Face à la souffrance, l’indifférence. 

Vous nous avez dit lors de la dernière session votre préoccupation sur ce sujet. Travaillons ensemble pour trouver des solutions. Nous devons être ambitieux et ne pas rester les bras ballants face aux défaillances de l’Etat. Il faut agir pour la prévention des violences intrafamiliales d’une part et l’accompagnement des enfants placés d’autre part.

Les enfants, les jeunes, et les jeunes majeurs, ne devraient pas avoir à subir la précarité en plus des violences de leurs situations. Ne pas ajouter de la violence à la violence, ça devrait être l’évidence.

Claire Masson, maire d’Auray, vous a adressé en août dernier un courrier au sujet de certains enfants difficiles à gérer placés en appartements isolés. Livrés à eux-mêmes, sans repères, ils sont en proie aux trafiquants et les appartements deviennent des points de deals. Claire Masson rapporte des fugues, des interventions de la gendarmerie suite à des incendies, des bagarres, des agressions…

La facilité serait de les voir uniquement comme des délinquants, mais que penser d’une société qui ne prend pas soin des enfants qui lui sont confiés ? C’est l’affaire de toutes et tous et nous devons y travailler ensemble avec des chercheurs, des professionnels de terrain, des élus de la majorité et de l’opposition, des parents et des enfants bien entendu. C’est la proposition que je vous formule ici. Le gouvernement a échoué avec la commission d’enquête sur l’ASE, réussissons ici ensemble, dans le Morbihan, en organisant des assises de l’Aide Sociale à l’Enfance. 

Sur le rapport bien entendu, nous votons pour.

Catherine QUÉRIC