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Rapport sur la situation en matière de développement durable

Monsieur le Président, Chers collègues, 

 

Comme l’indique le rapport, l’année 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée. L’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale emportant son lot de dérèglements et d’événements majeurs dont les inondations violentes et subites qui ont eu lieu dans le Rhône, ou celles qui ont dévasté Valence. 

C’est pourquoi nous saluons les engagements pris par le Département afin de contribuer à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, même à hauteur de colibris… En particulier, nous saluons la préparation d’une Stratégie bas carbone pour le premier semestre 2025, pour contribuer à lutter contre le changement climatique. 

Sur la méthode, nous serons attentifs à l’exigence que vous porterez à la nouvelle approche de présentation que vous prévoyez pour ce rapport. Nous l’appelions de nos vœux depuis 2021 : les indicateurs doivent être précis et stables afin de procéder annuellement à l’état d’avancement des actions et des objectifs fixés par le Département. 

Concernant la dynamique de développement du territoire suivant des modes de production et de consommation responsables, nous sommes satisfaits d’observer, comme nous l’avions demandé, des efforts pour soutenir l’agriculture biologique et les circuits courts. Nous remarquons aussi la prise en compte de notre invitation à utiliser la fresque sur le climat dans le parcours de formation des agents. A présent, je vous propose, Monsieur Le Président, d’embarquer la totalité des élus dans une formation « fresque sur le climat » puis « fresque de la biodiversité » !

Sur le volet biodiversité, le rapport mentionne notamment que “les espaces naturels sensibles (ENS) sont une responsabilité assumée depuis 40 ans” et que la biodiversité est “la priorité du département”. Vous êtes conscient, Monsieur le Président, que la situation est alarmante. Comme il est présenté dans le visuel  du rapport, il y a eu en 20 ans une perte de 30 à 50 % des oiseaux et des chauves souris. Cette  baisse de la biodiversité s’explique par deux facteurs principaux. Premier facteur : la destruction des habitats naturels à laquelle répond en partie la création d’espaces naturels sensibles. Deuxième facteur : la pollution générée par les produits phytosanitaires ou pesticides utilisés en agriculture chimiquement intensive.

Une politique véritablement volontariste côté espaces naturels sensibles et préservation des habitats naturels s’attacherait à se préoccuper des  trames  vertes, bleues et noires qui relient ces espaces. L’objectif de création de 20% d’ENS supplémentaires en 10 ans pourrait être plus ambitieux. Concernant le facteur pollution, une solution serait un soutien plus affirmé au développement de l’agriculture biologique dans le Département. Une agriculture qui préserve la qualité de l’eau, de l’air, des sols ainsi que la santé du vivant, des exploitants et des habitants. 

Cependant, nous constatons d’après vos orientations budgétaires, et malgré les restrictions prévues, que vous ne souhaitez toujours pas augmenter le taux d’aménagement afin de renforcer encore vos leviers pour protéger davantage la biodiversité.

Enfin pourquoi ne pas retrouver dans ce rapport la dimension sociale qui avec les dimensions environnementales et économiques sont les piliers du concept de développement durable ? Nous déplorons fortement l’absence d’une finalité essentielle du développement durable « L’épanouissement de tous les êtres humains ». Je cite ici le cadre de référence mentionné par le ministère de l’écologie. Cet épanouissement passe notamment par la lutte contre la pauvreté. Malheureusement en 2024, à l’heure où le taux de pauvreté est à son plus haut niveau en France, les actions de lutte contre la pauvreté dans le Morbihan sont réduites à peau de chagrin. Pour preuve : pas de revalorisation des subventions aux associations de solidarités depuis 10 ans. 

Quant au Plan Départemental en faveur du logement et de l’hébergement des personnes défavorisées ou PDALHPD, les élus de terrain que nous sommes savent malheureusement qu’il fait figure de coquille vide. Les 3 axes sont louables, le service public de la rue au logement, l’identification de réponses à la crise du logement, l’accueil et la prise en charge adaptée des publics prioritaires. Mais aujourd’hui, la politique de prise en charge des publics défavorisés est dépourvue de moyens réels pour faire face aux demandes croissantes de personnes tombant dans la grande précarité. Les associations de solidarité ne cessent d’alerter sur la demande d’aide alimentaire qui grandit et sur les personnes de plus en plus nombreuses lors des maraudes. 

Aujourd’hui, une personne ne pouvant compter sur la solidarité familiale, privée d’un salaire décent, ou face à un problème de santé, se retrouve rapidement à la rue. Le PDALHPD mentionne qu’avec 22 872 demandes d'hébergement d'urgence traitées en 2022, la tendance est à la hausse depuis 2019 (+16.3%). Sur ces demandes; près de 40% des ménages sont maintenus à la rue ! Seuls 7% bénéficient d’un hébergement d’urgence. (10% sont hébergés à l'hôtel, 6% en hébergement de fortune ou mobile)

Avec près de 23 000 demandes d’hébergement d’urgences traitées en 2022, nous sommes toutes et tous face à une sombre réalité. Une réalité qui atteint notre identité et nos valeurs humanistes de solidarité, de fraternité. 

Face à ce constat catastrophique, il y a un an et demi, Monsieur le Président, vous vous étiez montré favorable à l’ouverture des bâtiments publics départementaux inoccupés avant réorientation vers d’autres usages ou destruction. Où en êtes-vous de cette mise à disposition de « logements intercalaires » ? Ce serait là une action volontariste en matière de développement durable dont un des enjeux primordiaux aujourd’hui est la solidarité.

Je vous remercie.

 

Rozenn Métayer