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Schéma départemental du tourisme 2024-2028

Monsieur le Président, chers collègues,

D’abord, je tiens à saluer le travail effectué depuis décembre 2021 en concertation avec les professionnels du tourisme, Morbihan Tourisme, les partenaires. Nous saluons aussi la méthode, le travail concerté et constructif. Le schéma départemental qui nous est proposé prête attention d’une part à l’ensemble des territoires du Morbihan : le littoral, les zones urbaines et plus rurales ; et d’autre part votre volonté de renforcer le tourisme des quatre saisons. Ces deux points sont primordiaux pour une bonne répartition des flux touristiques.

La déclinaison du premier axe de ce schéma départemental, qui vise à soutenir l’économie touristique, porte des ambitions que nous partageons : celles d’accompagner les mobilités douces, de favoriser un développement touristique durable, de lever les difficultés liées au logement saisonnier. 

Nous partageons également la volonté forte de développer les itinéraires de randonnées à pied ou à vélo, et la nécessité de préserver les magnifiques paysages morbihannais et par extension, la nature et l’environnement.

Mais si nous avions été en responsabilité Monsieur le Président, nous aurions fait le Schéma Départemental du Tourisme différemment. Nous aurions conservé le soutien à l’économie touristique car c’est un levier financier important. Non, nous ne sommes pas l’extrême-gauche anticapitaliste que votre famille politique essaye de caricaturer. Nous sommes la gauche réformiste qui s’inscrit dans une économie de marché, et prône un partage des richesses. 

Ne satisfaire qu’une clientèle aisée n’est pas un objectif politique en soi. 
En revanche, l’attractivité pour donner aux Morbihannais et Morbihannaises des opportunités d’emploi, de loisirs, de découverte et une meilleure connaissance de leur territoire, voici ce qui devrait nous guider.

Dans notre Schéma Départemental du Tourisme, nous aurions développé 3 axes : soutenir l’économie touristique, permettre à toutes et tous un large accès aux loisirs, défendre un tourisme durable.

Je l’ai dit en commission et je le redis ici, plusieurs points s’avèrent incontournables :

  • D’abord, l’accessibilité pour toutes et tous au tourisme et aux loisirs en Morbihan : notre département est le plus beau du monde c’est vrai. Mais quel intérêt si les Morbihannaises et les Morbihannais ne peuvent pas en profiter ? Renforcer l’attractivité pour la clientèle étrangère c’est bien, garantir le tourisme de proximité pour les habitants du département, c’est essentiel. Nous voulons garantir un droit aux loisirs et au tourisme pour toutes et tous. En commission vous nous répondez que la politique touristique, ça n’est pas du social. Mais le social ce n’est pas un mot, un domaine qui devrait être traité en parallèle d’autres compétences. Le social doit irriguer l’ensemble des politiques, d’abord parce que la République et donc les collectivités locales doivent s’efforcer de donner une place et les mêmes chances à chacun et chacune. Mais aussi parce que nous sommes garants de l’argent public, et donc de son utilisation au bénéfice du plus grand nombre. Nous devons garantir, par des tarifs solidaires, que les publics que nous accompagnons, qu’ils soient bénéficiaires du RSA, personnes en situation de handicap, enfants de l’Aide Social à l’Enfance, puissent réellement profiter des infrastructures touristiques. Ce n’est plus possible d’être des milliers sur les côtes à applaudir des régates de bateaux qui font rêver, sans que la majorité ne puisse y accéder. Nous devons aussi nous assurer que ces tarifs solidaires soient communiqués et connus de toutes et tous ; faire de l’aller-vers les CCAS, les CMS, les missions locales pour informer leurs bénéficiaires…
  • L’accessibilité, cela passe aussi par l’adaptation des infrastructures touristiques aux personnes en situation de handicap. On sait que seules 4% d’entre elles pratiquent un sport en Morbihan. Nous aimerions avoir des indicateurs similaires sur les activités de pleine nature, la plaisance et le nautisme.
  • Ensuite, vous parlez d’améliorer l’acceptation du tourisme : pour nous, il s’agit plutôt de veiller à l’impact du tourisme sur la vie quotidienne des habitantes et habitants du département : quelles conséquences sur le logement, sur l’économie locale toute l’année, sur la mobilité… ? Oui, il faut comme vous le dites « renforcer l’attractivité résidentielle » pour les travailleurs saisonniers, mais il faut aussi s’assurer que les habitantes et les habitants du Morbihan puissent y vivre toute l’année.
  • Enfin, il ne nous semble pas possible de construire un Schéma Départemental du Tourisme sans se projeter dans le futur de notre département. Il nous faut appréhender dès à présent la limite des ressources en eau, certaines de nos îles y sont déjà confrontées chaque été. Nous demandons la mise en place d’une surveillance sur les impacts environnementaux comme les ressources en eau, l’érosion côtière et la biodiversité, et sur les impacts sociaux : c'est-à-dire le logement, la mobilité, et les services publics pour estimer les capacités d’absorption du territoire. Le futur commence maintenant.

Ce que nous proposons, c’est de conditionner l’attribution d’argent public à des critères environnementaux et sociaux : l’accessibilité à toutes et tous, l’adaptation aux personnes en situation de handicap, le respect de la biodiversité, de l’environnement et de la ressource en eau.

Dans une démarche constructive, nous votons pour.

Mais dans la mise en œuvre de ce schéma Monsieur le Président, nous vous demandons d’être à la hauteur de votre ambition du mandat du social.

Rozenn MÉTAYER